Zola à bicyclette
Publié le jeudi 27 mars 2025
Emile Zola s'offre en 1893 une bicyclette, "le dernier modèle Rudge", un modèle de luxe acheté dans la quartier de l'Opéra. Le célèbre écrivain qui vit entre Paris et Médan, entre sa femme, sa maîtresse et les deux enfants qu'il a eus avec elle, va dérouler de longues balades sur sa monture "de fer". Une véritable une passion pour un objet, un outil, en passe de devenir, à l'époque, plus qu'une mode, un véritable phénomène de société. L'auteur de ce récit, Jean-Paul Vespini, journaliste, spécialiste du vélo, à La Provence, nous raconte aussi l'emballement pour le vélo qui a saisi toute une société - y compris le petit monde des Lettres - en cette fin de siècle. De quoi peut-être faire un rapprochement avec notre monde d'aujourd'hui...
Extrait
« Chaque jour, en longeant la Seine, il apercevait, au loin, les usines de bicyclettes qui se dressaient fièrement. Toute la zone de Suresnes, Puteaux et Levallois formait « un groupe industriel cyclophile et cyclopesque comme Paris n'en a encore jamais connu'». Pierre Giffard l'appelait le Coventry français, du nom de la célèbre ville industrielle anglaise.
Il y avait une quinzaine d'années, Paris ne comptait que trois à quatre ateliers de construction de bicyclettes, alimentés par la force du vent et de l'eau.
Ce sursaut économique, la France le devait à l'Angleterre. Elle avait introduit la première bicyclette sur notre sol, la Rover Safety - dite la bicyclette de sécurité, parce qu'on pouvait poser ses pieds en cas de chute
L'Angleterre - et ses prestigieuses marques de cycles (Rudge, Humber, Whitworth, Raleigh, Rover) - dominait le monde. Ici, le temple mondial de la bicyclette portait un nom: le National Cycle Show. Chaque année, les stands se déployaient au Cristal Palace, immense bâtiment de fonte et de verre, peint par Camille Pissaro. Et tous ses pèlerins accouraient.
Français, Allemands, Américains, Italiens, Espagnols, Grecs, Belges, Suédois, Hollandais, tous voyageaient jusqu'ici pour découvrir les derniers modèles.
Au milieu des draperies, des fleurs et lumières, sous les drapeaux de chaque stand, on trouvait tout, absolument tout ce qui concerne le nouveau monde de la bicyclette: ses revues - on lit The Cyclist et The Bicycling News -, ses accessoires - jantes, selles, pédaliers, garde-crotte (nos pare-boue actuels). guidons. pneus et lampes. »