L'islamisme ou la crucifixion de l'Occident - Anatomie d'un renoncement
Publié le vendredi 23 mai 2025
Le chemin de croix des lanceurs d'alerte
Dénoncer l'entrisme des Frères musulmans dans toutes les sphères politiques et sociales de notre pays (associations, collectivités, entreprises, port du voile à l'école ou dans les activités périscolaires, dans le sport, etc.) n'est pas une attaque contre nos compatriotes musulmans. Pas d'amalgame ! Les mauvais débats qui ont accompagné la révélation du rapport sorti récemment ne pourront masquer la réalité d'un phénomène qui inquiète depuis plusieurs années. Le journal Le Monde (édition du vendredi 23 mai) croit bon de dénoncer "une lecture alarmiste" et stigmatiser des personnalités qui ont pris position comme Florence Bergeaud-Blackler, Gilles Kepel, Bernard Rougier. Les faits sont têtus. Leurs travaux, leurs ouvrages ne sont pas contestables. Pas plus que ne peut l'être Kamel Bencheikh, né à Sétif en Algérie, initié sans doute à l'Islam, à cette culture ou spiritualité, mais qui se définit sans conteste comme laïque.
Son ouvrage, il le dit d'emblée, ne se veut pas une étude exhaustive sur l'islam radical ou sur les évolutions des différents mouvements qui ont accompagné les revendications dans son pays, ce que l'on appellerait aussi les luttes anti-coloniales. Ni sur l'histoire du Maghreb ou des différentes populations qui ont fait racine en Afrique du Nord. Ce qui l'intéresse, c'est la naissance et le développement de l'islamisme actuel, né en Egypte au début du 20e siècle, au sortir du 1er conflit mondial et du remodelage qui a suivi des frontières au Proche et Moyen-orient. Un mouvement qui va s'opposer à l'Occident. Le défier. Et qui va définir des pratiques pour accompagner cette contestation. Des chercheurs, des universitaires, cités plus haut, ont fait état du phénomène. La force que l'on peut prêter au livre de Kamal Bencheikh, c'est de le faire de l'intérieur en quelque sorte. Ce n'est pas lui faire offense que de le dire ainsi ou même de "l'essentialiser". Sa démarche est d'autant plus interessante qu'il entame son propos par un long parallèle avec les propres violences dont a fait également preuve l'Occident pour imposer sa domination (sauvagerie des guerres de religions, barbarie politique, révolution française, Terreur, révolution marxiste en Russie, décomposition de l'Empire Ottoman et génocide Arménien, montée du national-socialisme en Allemagne, etc.). L'Asie vivra aussi sa révolution marxiste. En Algérie, des groupes politiques différents s'affronteront tout en déclenchant la guerre d'indépendance. L'auteur relie tous ses éléments.
C'est dans l'Egypte sous mandat britannique, dans les années 1920, que l'organisation des Frères musulmans a été fondée. Outre l'enseignement du Coran, c'est un modèle de pensée politique qui a été élaborée sur un mode quasi militaire en trois points : concentration sur un seul objectif (prise de pouvoir à terme), la soumission au chef sans aucune discussion, l'attachement viscéral à l'organisation. La pensée laïque de l'auteur transparait lorsqu'il établit un parallèle spectaculaire avec le mouvement qui se développe au même moment en Europe où un certain Benito Mussolini impose en Italie le fascisme sous l'impulsion d'une règle fondamentale : la discipline ! Des préceptes qui doivent moins au religieux et plus à des principes militaires, guerriers. L'ouvrage recense enfin le parcours des principaux dirigeants ou idéologues de l’organisation frériste. La doctrine a depuis franchi la Méditerranée pour conquérir l'Europe mais aussi l'Asie. En 2022, il y avait deux milliards de musulmans sur terre. Un sacré terreau de conquête. Et des enjeux que les sociétés et leurs politiques ne peuvent plus ignorer ni négliger.
L'ouvrage a été préfacé par Stéphane Rozès, politoloque, enseignant (Sciences Po, HEC, Institut Catholique de Paris). Un livre selon lui "unique, authentique car enraciné". Qui ne ne doit rien à l'émotion ni à des analyses abstraites. L'auteur part de sa culture originelle et la confronte à sa propre expérience, à son parcours. D'une rive à l'autre. Encore plus incontestable en quelque sorte.
Extrait
« L'islam, pour les Occidentaux, n'est plus seulement une religion monothéiste comme une autre. L'islam ne possède désormais plus aucune règle de conduite ni aucune déontologie. Le radicalisme de l'islam est le seul point visible dorénavant aux yeux des Européens. Exit Omar Khayyâm et ses sublimes quatrains, Saadi et son jardin de roses, Ibn Arabi et sa religion de l'amour, Jalal Eddine Rumi et la tension vivante de la mystique et de la passion soufies. Seuls des mots aussi connotés qu'Al Caeda, Oussama Ben Laden, l'État islamique, les tali-bans, le djihad ou le Hezbollah deviennent synonymes de cette religion. L'islam est définitivement rendu à sa sauvagerie, à sa barbarie et à sa bestialité.
Je suis moi-même né en Algérie dans un pays entièrement investi par les réflexes islamiques depuis l'invasion arabo-musulmane de Okba Ibn Nafaa Al Fihri dans les années 670. Je comprends parfaitement les appréhensions du citoyen occidental qui se voit agressé par une idéologie mortifère qui prend de plus en plus d'espace. Tout est désormais mis en branle pour protéger les structures vitales des pays du nord. Se met en ordre de bataille l'appareil politique accompagné par l'appareil sécuritaire pour que soit mise en échec l'hydre terroriste islamiste. Si l'on considère que les États européens font tout ce qui peut être mis en place pour parer aux attaques les plus violentes des organisations terroristes islamistes, je pense aussi que des attaques plus subtiles, souterraines cette fois, se font quotidiennement contre les valeurs des pays occidentaux en général et contre celles de la France en particulier, gardienne d'une tradition de liberté et de laïcité. »