Littérature française

Un étrange Nobel

Publié le lundi 19 mai 2025

Le Nobel, oui, mais modeste et sans les honneurs publics

En quelques pages, avec des mots simples, une belle évocation d'un moment de la vie d'Hermann Hesse qui hésite à se rendre à la cérémonie de remise du prix Nobel de littérature qui vient de lui être attribué. Nous sommes à Préfargie, dans les faubourgs de Neuchâtel, dans la jardin de la maison de soins d'Otto Rigenbach, son directeur, psychiatre de son état et son ami surtout...

Le séjour de l'écrivain touche à sa fin. Ninon, sa dernière femme doit le rejoindre. Il va donner une courte conférence de presse. Les journalistes le pressent de questions. Le temps de plusieurs balades dans le parc, de conversations avec un jeune pêcheur à la ligne et son père, un aller-retour en train à Bâle pour revenir sur ses débuts comme libraire, ses premières amours, la naissance de sens enfants, une ultime promenade avec un autre pensionnaire célèbre de la clinique, le poète Robert Walser, autant de moments qui permettent à l'auteur d'évoquer une oeuvre, et quelle oeuvre ! Demian (1919), Siddhartha (1922), Le loup des steppes (1927), Narcisse et Goldmund (1930), Le jeu des perles de verres (1943) reviennent dans nos souvenirs. L'histoire défile pour raconter cette époque qui a vu éclore tant d'auteurs fameux, Allemands, Thomas Mann, JaKob Wassermlann, Autriichiens, Stefan Zweig, Français comme Roman Rolland. Hermann Hesse et son oeuvre ont dialogué avec eux. Un bien beau voyage parmi des hommes sensibles, pacifistes, il n'y a pas si longtemps que cela. Relisons-les. Merci pour cette invite.


Extrait

« Cela s'impose maintenant comme une évidence : il ne se rendra pas à la cérémonie officielle de remise de prix le 10 décembre. [ …]

Certains écrivains ressentent le besoin de se détourner des systèmes et des honneurs afin de continuer à regarder et dépeindre le monde tel qu'il est vraiment. Il se sent proche d'eux. […]

Il repense également à ses amis aujourd'hui disparus, Alfons Paquet, Hugo Ball, Franz Schall ou Stefan Zweig, en imaginant comment ils auraient perçu son dilemme. »