Littérature étrangère

Récits de saveurs familières

Publié le mardi 09 septembre 2025

La gourmandise n'est pas un vilain défaut

Le charme de ce livre, c'est de mêler une approche littéraire à des commentaires plus scientifiques, mais sans nulle lourdeur. L'auteur laisse toujours transparaître son parcours spirituel, son expérience de vie, écrivain-ouvrier comme d'autres en leur temps, prêtre-ouvrier, lui dont l'oeuvre est souvent autobiographique. A l'inverse, le nutritionniste qui lui fait écho, sans renoncer à sa propre histoire, à son rapport également intime à la cuisine de son pays, rappelle les bonnes pratiques en matière d'alimentation. Mais le tout reste un récit et surtout un plaisir. Manger bien, manger mieux sans renoncer. Déguster. Un bon repas comme un bon livre.


Extraits

« J'ai commencé à travailler sur des chantiers de construction avec des ouvriers du Sud qui rentraient chez eux le samedi soir. Le lundi, ils arrivaient avec des miches de pain qui restaient fraîches toute la semaine, pétries et mises au four par les mains de leurs femmes. Le blanc de farine avait la bonne odeur de leurs maisons blanchies à la chaux.

Réunis à la cantine le midi, je les écoutais répéter ce dicton que je traduis: « Nous fabriquons des maisons pour les autres et la nôtre reste un projet.»

Ils serraient le pain contre eux comme un vio lon et taillaient de longues tranches vers leur poitrine. Ils m'en tendaient une, en échange je versais du vin dans leurs verres. À la différence des tables élégantes où il est d'usage de remplir le verre en deçà de la moitié, à ces tables-là le vin devait arriver à ras bord. Moins, c'était insultant. »

Erri De Luca, écrivain

« Par déformation professionnelle, j'observe souvent les autres clients au restaurant et je vois que beaucoup d'entre eux accompagnent tous les plats, pâtes comprises, avec du pain, et pas seulement pour saucer leur assiette. C'est un excès. 

Si ce pain était intégral, levé le bon nombre d'heures, il en suffirait de peu pour remplir les estomacs les plus voraces. En revanche, étant donné qu'il est presque toujours blanc, ce qui revient quasiment à manger du sucre, on ne mesure pas la quantité consommée et les pics glycémiques ne font pas autre chose que libérer des endorphines et nous donner du plaisir.

Raison pour laquelle tout le monde aime le pain blanc et moins le pain intégral. »

Velerio Galasso, nutritionniste