En 2002, six ans après Le Pingouin, Andreï Kourkov donne une suite à son succès mondial. Avec Les pingouins n'ont jamais froid, nous retrouvons notre journaliste Victor à la recherche de son volatile de compagnon, Micha. Le monde reste toujours aussi absurde et rude. Un monde d'oligarques, de gardes armés, de trafiquants qui va entraîner le lecteur de Kiev à Moscou jusqu'en Tchétchénie où les combats font rage. Cette suite est plus noire encore. C'est plus que jamais le portrait d'une Russie cynique, corrompue, violente. Russie ? Oui, notre héros, même citoyen Ukrainien, est considéré comme Russe aux confins de l'ex-empire. Tout est là.
A Kiev, dans les années 90, Victor Zolotarev, un journaliste un peu déclassé adopte chez lui un pingouin, Micha, pour le sauver de la faillite du zoo de la ville. Totalement fauché, il est au même moment recruté par un quotidien local pour écrire des nécrologies de personnalités. Il découvre leur mort violente au fur et à mesure qu'il livre son travail. Et nous voilà parti dans un tourbillon d'aventures improbables où l'on croise des intrigants, des puissants aux abois, des services secrets, de vrais méchants mais aussi des ukrainiens ordinaires qui survivent comme ils le peuvent... Une dénonciation féroce d'un monde post-soviétique en pleine décomposition.
La vie mouvementée de Jair Bolsonaro, élu président du Brésil en 2018, se lit comme un roman d'aventure. L'auteur, Bruno Meyerfeld, journaliste franco-brésilien, correspondant du journal Le Monde, écrit à la fois la biographie intime d'un personnage plutôt falot au départ et le récit presque au jour le jour d'une présidence chaotique, fantasque, aboutissement d'un parcours politique et médiatique aussi improbable. qu'implacable. Comment un grand pays peut-il en arriver là ? Impossible de lâcher le livre. Toutes les pages recèlent des surprises...
Le retour de Tardi, le retour surtout de Nestor Burma, le célèbre détective créé par Léo Malet, dans une nouvelle aventure, cette fois sur les hauteurs de Ménilmontant et toujours dans ce Paris des années 50, des petits bistrots, des hôtels miteux, des rues pavés, des passages sombres et leurs «greffiers» aux yeux jaunes, aux poils hérissés…
L'enquête nous entraîne dans les coulisses des laboratoires pharmaceutiques, où il sera question de gros sous, de maltraitance animale et de maléfiques petits pères noël en habits rouges dans un dessin en noir et blanc.
En 1928, Gaston Gallimard rachète et relance Détective, un hebdomadaire illustré à grand tirage, consacré aux crimes et aux faits divers. Il recrute Joseph Kessel, journaliste autant qu'écrivain, pour raconter une série d'affaires crapuleuses ayant Montmartre comme terre d'élection si l'on peut dire. La jaquette de l'ouvrage parle de terrae incognitae "à quelques stations de métro des salles de rédaction". Les escaliers de la butte n'inspirent pas que les chansonniers. Les ruelles sombres autour du Sacré Coeur drainent de drôles de pélerins lesquels vont inspirer autant de reportages surprenants et consacrer s'il en était besoin un grand écrivain. Figurent aussi dans cet ouvrage cinq courts récits, presque des nouvelles, rapportés successivement de la mer de Chine, d'Irlande, de Sibérie, des côtes américaines et enfin des terres de Judée. Dépaysement et souffle épique garantis.
Dans ce livre de Jérôme Garcin, journaliste, critique littéraire, longtemps animateur du Masque et La Plume sur France Inter, il n'y a que de grands écrivains mais quelques uns d'entre eux ne sont pas forcément de grands hommes. Revenir sur ce qu'ont été les arts et les lettres au temps de l'Occupation, c'est dire sans détour les ambigüités, les compromissions, les lâchetés, le manque de conscience de certains auteurs fameux quand ce n'était pas le soutien à l'idéologie de l'occupant voire carrément un antisémitisme assumé. Se souvenir, exercer un droit d'inventaire reste plus que jamais nécessaire. L'actualité, nous rappelle sans cesse que les mauvaises pensées reviennent vite. Un livre à lire aussi pour redécouvrir des auteurs injustement oubliés et qui eux ne se sont jamais trompés dans leurs convictions et leurs engagements.
Le village de l'Allemand ou le Journal des frères Schiller est le deuxième roman de Boualem Sansal. Publié en 2008, il trace le parcours atypique de deux frères nés en Algérie d'un père Allemand et d'une mère Algérienne. Le père est un ancien officier Allemand de la 2ème guerre mondiale qui, réfugié dans la pays à la fin du conflit, va participer aux cötés du FLN à la guerre d'indépendance. Mais en 1994, au coeur des années noires, le GIA va massacrer les habitants du petit village près de Sétif. Et là tout bascule. Le passé remonte à la surface. Les deux frères, envoyés dès leur plus jeune âge en France, sont pris dans les contradictions de leurs origines. Les violences du monde d'avant face à celle des temps présents.
L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal a été arrêté en Algérie le 15 novembre 2024, incarcéré mais aussi déjà hospitalisé à deux reprises depuis. Son comité de soutien se montre particulièrement inquiet pour son état de santé et évoque, dans un communiqué publié le 30 décembre, "un risque d'altération irréversible." Comment le soutenir si ce n'est en (re)lisant son oeuvre ? Son premier roman, Serment des Barbares, a été publié en 1999, il a été suivi par, notamment, Le village de l'Allemand (2008) et Rue Darwin (2013). Un roman exceptionnel presqu'une suite - ou un contrepoint - à L'homme révolté de Camus. La rue (anciennement) Darwin est au sommet du quartier Belcourt. Boualem Sansal nous fait voyager des plateaux algériens à Alger, Paris et au-delà.